La proposition de revenir à une monnaie nationale, telle que le franc en France, impliquerait presque inévitablement une dévaluation de cette monnaie par rapport à l’euro.
En effet, un retour au franc résulterait sur une perte de confiance et serait un facteur de spéculation. Les investisseurs, craignant l’instabilité et l’incertitude, se déféraient de leurs actifs dans cette monnaie, ce qui entraînerait une augmentation de l’offre de cette monnaie sur les marchés de change et, par conséquent, une baisse de sa valeur. De plus, l’euro est perçu comme une monnaie stable soutenue par l’économie collective des pays de la zone euro. En quittant l’euro, un pays s’éloigne de cette stabilité perçue et de la force collective. Ceci entraînera un manque de confiance dans la nouvelle monnaie nationale, surtout si l’économie du pays en question est considérée comme moins stable ou moins robuste que l’économie de la zone euro dans son ensemble. Le taux de change est déterminé par la loi de l’offre et de la demande sur les marchés internationaux. Si les investisseurs vendent massivement la nouvelle monnaie en prévision de risques économiques ou politiques, la demande pour cette monnaie diminue, entraînant ainsi sa dévaluation. Les marchés pourraient anticiper que le pays sortant de l’euro adoptera une politique monétaire plus souple, y compris des mesures telles que la baisse des taux d’intérêt ou l’augmentation de la masse monétaire, pour stimuler l’économie. Ces politiques peuvent conduire à une dévaluation de la monnaie car elles augmentent l’offre de monnaie en circulation. Si un pays qui quitte l’euro a des déficits commerciaux ou une dette extérieure importante, la nécessité de financer ces déficits ou de rembourser la dette en euros pourrait mettre une pression supplémentaire sur la monnaie nationale. La création de monnaie supplémentaire pour financer ces besoins pourrait entraîner une dévaluation.
Ainsi, cette dévaluation aurait plusieurs conséquences majeures sur l’économie du pays :
Augmentation du coût de la dette extérieure : La dette extérieure d’un pays qui sort de l’euro est généralement libellée dans cette monnaie. Si la nouvelle monnaie nationale se déprécie par rapport à l’euro, le coût de remboursement de cette dette augmenterait proportionnellement. Prenons un exemple hypothétique : si la France revient au franc et que celui-ci se déprécie de 25% par rapport à l’euro, le coût en francs de rembourser la dette extérieure libellée en euros augmenterait de 25%. Cela signifie que pour chaque euro de dette, la France devrait dépenser 25% de francs en plus pour le même montant.
2. Impact sur la dette publique : La dette publique d’un pays qui quitte l’euro et subit une dévaluation de sa monnaie nationale augmenterait mécaniquement. Si la dette publique est évaluée en euros et que la monnaie nationale se dévalue, le montant de la dette, lorsqu’il est converti en monnaie nationale, sera plus élevé. Par exemple, si la dette publique représente 100% du PIB en euros, une dévaluation de 20 à 30% de la monnaie nationale ferait grimper cette dette à 120-130% du PIB en termes de la nouvelle monnaie. Cette hausse mécanique de la dette publique pourrait rendre le remboursement plus difficile et augmenter la charge de la dette du pays.
3. Conséquences économiques : Une telle augmentation de la dette publique aurait des répercussions économiques considérables. Elle pourrait conduire à une hausse des taux d’intérêt, car les investisseurs exigeraient des rendements plus élevés pour compenser le risque accru. Cela augmenterait le coût du service de la dette pour le gouvernement, réduisant ainsi les ressources disponibles pour d’autres dépenses publiques ou investissements. De plus, une dette publique plus élevée pourrait entraîner une perte de confiance des marchés et des investisseurs, exacerbant les problèmes économiques du pays.
En somme, le retour à une monnaie nationale et la dévaluation subséquente qui en découle aurait des conséquences profondément négatives sur l’économie d’un pays européen. L’augmentation du coût de la dette extérieure et de la dette publique, ainsi que les répercussions économiques associées, pèseraient lourdement sur la stabilité financière et la croissance économique du pays.