Selon une analyse de 2021 par l’association Désinfox-Migrations, il n’existe “aucune corrélation” entre les politiques migratoires restrictives et les flux migratoires. Cette affirmation s’appuie sur l’idée que les conditions dans les pays d’origine, l’attractivité économique des pays de destination, et la présence d’une diaspora sont les principaux facteurs influençant les choix des migrants, plutôt que les politiques sociales.
Désinfox-Migrations, un média associatif spécialisé dans le fact-checking sur les migrations, suggère que les politiques migratoires restrictives n’impactent pas significativement les flux migratoires. Cette thèse repose sur plusieurs constatations. Tout d’abord, la création de frontières administratives plus contraignantes entre le Maghreb et l’Europe n’a pas réduit les migrations clandestines mais a plutôt engendré leur contournement. Par exemple, l’obtention d’un visa étant plus difficile, des migrants choisissent la voie périlleuse de la Méditerranée, devenant ainsi des “harraga” ou “brûleurs” de frontières.
Ces politiques ont également eu pour conséquence de complexifier et de diversifier les stratégies migratoires, créant ainsi de nouvelles formes de migration « irrégulière » et renforçant la nécessité de contournements légaux ou illégaux. La fin de la migration de travail et les tentatives infructueuses de politiques d’aide au retour en France illustrent l’échec de ces approches restrictives. Ces politiques ont abouti à l’installation définitive des travailleurs algériens en France, leurs familles les rejoignant par la suite via le regroupement familial.
De plus, selon une étude basée sur des enquêtes auprès de migrants argentins et maliens, le durcissement des politiques migratoires a profondément influencé la perception de l’Europe par les migrants. Ces politiques ont entrainé une politisation des savoirs et une radicalisation des perceptions des migrants, les poussant à développer des stratégies d’entrée et d’installation en Europe plus complexes et diversifiées.
En termes de retour des migrants, les données de l’UE montrent que moins d’un quart des ressortissants de pays tiers ayant reçu l’ordre de quitter l’UE en 2020 ont été effectivement renvoyés. Cette faible efficacité est attribuée à des délais trop courts pour les départs volontaires et à l’imposition d’interdictions d’entrée. Il est ainsi suggéré que les retours volontaires, représentant 59 % des retours en 2020, sont plus durables et plus simples à organiser.
L’analyse de Désinfox-Migrations et les études citées montrent clairement que les politiques migratoires restrictives n’ont pas l’effet dissuasif escompté sur les flux migratoires. Au contraire, elles engendrent une complexification des stratégies migratoires et des perceptions des migrants, sans pour autant réduire le désir ou la nécessité d’émigrer. Ces politiques peuvent même avoir des effets contre-productifs, comme la diminution des retours volontaires et l’augmentation des migrations irrégulières.